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Léonce Chagot
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'''François Léonce Chagot''' est un industriel français né le 30 août 1822 au [[Le Creusot|Creusot]] (Saône-et-Loire) et décédé le 18 août 1893 à [[Saint-Vallier (Saône-et-Loire)|Saint-Vallier]] (Saône-et-Loire). Il dirigea de façon paternaliste les [[Houillères de Blanzy]] à partir de 1877. Il fut le premier maire de [[Montceau-les-Mines]].
<br />
== Biographie ==
François Léonce Chagot, habituellement désigné sous le nom de Léonce Chagot, est né au Creusot le 30 août 1822. Il est le fils d'Hyppolite [[Chagot]], maître de forges, et de Virginie Cherveau, elle-même fille de Vivant Cherveau avocat au Parlement de Dijon et industriel. Il est le petit-fils de Jean-François Chagot, qui racheta les Mines de Blanzy, et le neveu de [[Louis Chagot|Jules Chagot]], qui les développa, et à qui il succéda. Il est donc le troisième membre de la "[[Famille Chagot|dynastie Chagot]]" qui vint s'établir en [[Saône-et-Loire]] pour y développer l'industrie.
Léonce Chagot fit ses études au [[Collège de Juilly]] (Seine-et-Marne) et à l'[[École centrale Paris|École Centrale]].
Il entra à la mine, déjà dirigée par son oncle, en 1846 et fut bientôt nommé à la Direction des Services Intérieurs. Il dirigea la Compagnie des Mines de Blanzy en 1877, quand Jules Chagot se retira
Il épousa le 4 février 1856 Marie Ligier de Laprade.
Excellent ingénieur, il s'employa à perfectionner les systèmes d'exploitation, et introduisit des équipements destinés à réduire les efforts des mineurs, comme des machines à air comprimé qui permirent de multiplier la vitesse d'avancement par 3 ou 4. Il fit remplacer les chevaux par des locomotives. Il renforça les mesures de sécurité: amélioration des méthodes d'aérage, suppression des tirages des coups de mine à la poudre, installation de l'électricité ainsi que de conduites d'eau contre les incendies, charpentes métalliques. Il fit étudier une [[Lampe de mineur|lampe de sûreté]] et établir des filets de protection contre les chutes.
Pendant sa gérance, les effectifs furent multipliés par 1,6 et la production par 2.
=== Paternalisme ===
En tant qu'adjoint de Jules Chagot, il participa à la politique [[Paternalisme|paternaliste]] de la Compagnie et la poursuivit activement quand il lui succéda. Il fallait d'une part favoriser l'attachement d'une main d'œuvre rare et peu stable, et d'autre part préserver l'ouvrier de l'immoralité et de la débauche, et pour cela contrôler tous les aspects de sa vie. Le patron exerçait une tutelle bienveillante et paternelle, mais contrôlait tous les aspects de la vie de l'ouvrier, y compris sa vie sociale
La Compagnie prenait ainsi soin de ses employés de la naissance à la mort, à une époque où la protection sociale faisait défaut. Des religieux devaient les éduquer, les marier et les soigner. Une retraite correcte les mettait à l'abri du besoin pendant leurs vieux jours; [[Napoléon III]] félicita chaudement les Chagot pour cette initiative. En outre, la Compagnie fit construire des cités ouvrières, avec des maisons entourées d'un jardin, toutes du même type, que les mineurs pouvaient louer, ou en acheter le terrain. Le jardin leur fournissait un complément de ressources, ainsi qu'une "saine occupation". En 1890, environ le quart des chefs de famille était ainsi propriétaire de son logement. Les "sacrifices" consentis par la Compagnie en faveur des employés représentaient la moitié des dividendes versés aux actionnaires.
=== Maire de Montceau ===
Auparavant simple hameau de [[Blanzy]] et de [[Saint-Vallier (Saône-et-Loire)|Saint-Vallier]], [[Montceau-les-Mines]] fut érigée en commune en 1856, grâce à l'impulsion de Jules Chagot. Léonce Chagot en fut le premier maire jusqu'en 1878. Durant son mandat, la population passa de 2000 à 12000 habitants. À sa création, la nouvelle commune n'avait rien, ni rue en bon état, ni bâtiment public, et peu de ressources; tout était à faire. Ce fut donc la Compagnie des Mines de Blanzy qui vola au secours de Montceau, montrant un exemple rare de confusion des intérêts: la famille Chagot réunissait le pouvoir économique et le pouvoir politique local. La Compagnie fit construire l'église et deux chapelles, le presbytère, les écoles, un hôpital, le cimetière sur des terrains qu'elle possédait... Elle subventionna la construction de la mairie et des bâtiments communaux, paya des gardes en soutien au garde-champêtre, puis un commissaire de police. Elle logea et chauffa la brigade de gendarmerie, le juge de paix et payait le salaire des employés municipaux, quand ce n'étaient pas des employés de la Compagnie qui effectuaient les tâches dévolues à la commune. La famille Chagot favorisa l'installation des commerces et institua les foires et les marchés.
Léonce Chagot fut aussi élu conseiller général du [[Canton de Montceau-les-Mines|canton de Montceau-les-Mines]].
Il obtint la [[Ordre national de la Légion d'honneur|Légion d'Honneur]] pendant l'[[Exposition universelle de 1867|Exposition Universelle de 1867]]. À cette occasion, il rencontra son commissaire, [[Frédéric Le Play]], qui influença sa pensée.
Mais en 1878, Léonce Chagot perdit les élections municipales au profit des républicains. La Compagnie cessa alors les aides qu'elle octroyait à la commune de Montceau et exigea le paiement d'un loyer pour les bâtiments communaux construits sur ses terrains.
=== Christianisme social ===
À la suite d'une guérison surprenante de Léonce en 1873, les époux Chagot s'étaient tournés vers une soumission à l'Église et vers une grande dévotion. En 1878, une grève survint, déclenchée par le renvoi de quinze ouvriers républicains. Léonce Chagot refusa toutes les revendications des ouvriers, les autorités firent venir trois bataillons de soldats pour prévenir d'éventuels débordements, et le travail reprit au bout de quinze jours. Mais les ouvriers avaient compris la nécessité de se regrouper et s'organisèrent en syndicats. Les années suivantes, un groupe anarchiste, la [[La Bande noire (Montceau-les-Mines)|Bande Noire]], commit plusieurs attentats dans la région contre des édifices religieux et des employés zélés de la Compagnie.
Léonce Chagot se détourna alors du paternalisme de son oncle pour se tourner vers le [[Christianisme social|christianisme socia]]<nowiki/>l, introduit par [[Albert de Mun]] et Léon Harmel. La gestion des œuvres sociales, jusqu'alors exercée par la Compagnie, fut transférée aux mineurs. La Compagnie a ainsi encouragé et soutenu de nombreuses associations qui regroupaient les ouvriers en dehors du travail. Cependant, la majorité d'entre elles furent placées sous l'autorité d'un comité subventionné par la Compagnie. Un service de renseignement visait à écarter les meneurs susceptibles de causer des troubles. En réalité, Léonce Chagot continuait à considérer les ouvriers comme trop immatures pour gérer les associations.
Léonce Chagot mourut le 18 août 1893 à Saint-Vallier. Son neveu Lionel de Gournay lui succéda.
=== En conclusion ===
Léonce Chagot appartenait à la lignée d'ingénieurs-patrons considérés comme l'avant-garde des milieux dirigeants de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, grâce à leurs compétences professionnelles et à leur sens paternaliste de l'administration des hommes. Cette excellence fut remise en cause avec la montée des revendications ouvrières sous la IIIe République.
Ses priorités furent l'intérêt économique et l'ordre social.
<br />
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
* Robert Beaubernard, Montceau-les Mines, un laboratoire social au XIXème siècle, Editions de la Taillanderie, 10 décembre 1990, 239 p. ([[International Standard Book Number|ISBN]] [[Spécial:Ouvrages de référence/2-87629-064-2|2-87629-064-2]])
* Frédéric Lagrange: Chagot-ville ou La naissance de Montceau-les-Mines 1851 – 1856 – 1881, Collection "Mémoire de la Mine et des Mineurs du Bassin de Blanzy", Association La Mine et Les Hommes – 71-Blanzy
* <nowiki>https://ift.tt/2TnYzQA>
* Les Patrons du Second Empire – Bourgogne, Picard Éditeur, Éditions Cénomane, 1991, 259 pages, (<nowiki>ISBN 2-7084-0428-8</nowiki> & 2-905596-41-4)
<br />
=== Articles connexes ===
* [[Montceau-les-Mines]]
* [[Houillères de Blanzy]]
* [[Paternalisme]]
* [[La Bande noire (Montceau-les-Mines)|Bande Noire]]
<br />
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== Biographie ==
François Léonce Chagot, habituellement désigné sous le nom de Léonce Chagot, est né au Creusot le 30 août 1822. Il est le fils d'Hyppolite [[Chagot]], maître de forges, et de Virginie Cherveau, elle-même fille de Vivant Cherveau avocat au Parlement de Dijon et industriel. Il est le petit-fils de Jean-François Chagot, qui racheta les Mines de Blanzy, et le neveu de [[Louis Chagot|Jules Chagot]], qui les développa, et à qui il succéda. Il est donc le troisième membre de la "[[Famille Chagot|dynastie Chagot]]" qui vint s'établir en [[Saône-et-Loire]] pour y développer l'industrie.
Léonce Chagot fit ses études au [[Collège de Juilly]] (Seine-et-Marne) et à l'[[École centrale Paris|École Centrale]].
Il entra à la mine, déjà dirigée par son oncle, en 1846 et fut bientôt nommé à la Direction des Services Intérieurs. Il dirigea la Compagnie des Mines de Blanzy en 1877, quand Jules Chagot se retira
Il épousa le 4 février 1856 Marie Ligier de Laprade.
Excellent ingénieur, il s'employa à perfectionner les systèmes d'exploitation, et introduisit des équipements destinés à réduire les efforts des mineurs, comme des machines à air comprimé qui permirent de multiplier la vitesse d'avancement par 3 ou 4. Il fit remplacer les chevaux par des locomotives. Il renforça les mesures de sécurité: amélioration des méthodes d'aérage, suppression des tirages des coups de mine à la poudre, installation de l'électricité ainsi que de conduites d'eau contre les incendies, charpentes métalliques. Il fit étudier une [[Lampe de mineur|lampe de sûreté]] et établir des filets de protection contre les chutes.
Pendant sa gérance, les effectifs furent multipliés par 1,6 et la production par 2.
=== Paternalisme ===
En tant qu'adjoint de Jules Chagot, il participa à la politique [[Paternalisme|paternaliste]] de la Compagnie et la poursuivit activement quand il lui succéda. Il fallait d'une part favoriser l'attachement d'une main d'œuvre rare et peu stable, et d'autre part préserver l'ouvrier de l'immoralité et de la débauche, et pour cela contrôler tous les aspects de sa vie. Le patron exerçait une tutelle bienveillante et paternelle, mais contrôlait tous les aspects de la vie de l'ouvrier, y compris sa vie sociale
La Compagnie prenait ainsi soin de ses employés de la naissance à la mort, à une époque où la protection sociale faisait défaut. Des religieux devaient les éduquer, les marier et les soigner. Une retraite correcte les mettait à l'abri du besoin pendant leurs vieux jours; [[Napoléon III]] félicita chaudement les Chagot pour cette initiative. En outre, la Compagnie fit construire des cités ouvrières, avec des maisons entourées d'un jardin, toutes du même type, que les mineurs pouvaient louer, ou en acheter le terrain. Le jardin leur fournissait un complément de ressources, ainsi qu'une "saine occupation". En 1890, environ le quart des chefs de famille était ainsi propriétaire de son logement. Les "sacrifices" consentis par la Compagnie en faveur des employés représentaient la moitié des dividendes versés aux actionnaires.
=== Maire de Montceau ===
Auparavant simple hameau de [[Blanzy]] et de [[Saint-Vallier (Saône-et-Loire)|Saint-Vallier]], [[Montceau-les-Mines]] fut érigée en commune en 1856, grâce à l'impulsion de Jules Chagot. Léonce Chagot en fut le premier maire jusqu'en 1878. Durant son mandat, la population passa de 2000 à 12000 habitants. À sa création, la nouvelle commune n'avait rien, ni rue en bon état, ni bâtiment public, et peu de ressources; tout était à faire. Ce fut donc la Compagnie des Mines de Blanzy qui vola au secours de Montceau, montrant un exemple rare de confusion des intérêts: la famille Chagot réunissait le pouvoir économique et le pouvoir politique local. La Compagnie fit construire l'église et deux chapelles, le presbytère, les écoles, un hôpital, le cimetière sur des terrains qu'elle possédait... Elle subventionna la construction de la mairie et des bâtiments communaux, paya des gardes en soutien au garde-champêtre, puis un commissaire de police. Elle logea et chauffa la brigade de gendarmerie, le juge de paix et payait le salaire des employés municipaux, quand ce n'étaient pas des employés de la Compagnie qui effectuaient les tâches dévolues à la commune. La famille Chagot favorisa l'installation des commerces et institua les foires et les marchés.
Léonce Chagot fut aussi élu conseiller général du [[Canton de Montceau-les-Mines|canton de Montceau-les-Mines]].
Il obtint la [[Ordre national de la Légion d'honneur|Légion d'Honneur]] pendant l'[[Exposition universelle de 1867|Exposition Universelle de 1867]]. À cette occasion, il rencontra son commissaire, [[Frédéric Le Play]], qui influença sa pensée.
Mais en 1878, Léonce Chagot perdit les élections municipales au profit des républicains. La Compagnie cessa alors les aides qu'elle octroyait à la commune de Montceau et exigea le paiement d'un loyer pour les bâtiments communaux construits sur ses terrains.
=== Christianisme social ===
À la suite d'une guérison surprenante de Léonce en 1873, les époux Chagot s'étaient tournés vers une soumission à l'Église et vers une grande dévotion. En 1878, une grève survint, déclenchée par le renvoi de quinze ouvriers républicains. Léonce Chagot refusa toutes les revendications des ouvriers, les autorités firent venir trois bataillons de soldats pour prévenir d'éventuels débordements, et le travail reprit au bout de quinze jours. Mais les ouvriers avaient compris la nécessité de se regrouper et s'organisèrent en syndicats. Les années suivantes, un groupe anarchiste, la [[La Bande noire (Montceau-les-Mines)|Bande Noire]], commit plusieurs attentats dans la région contre des édifices religieux et des employés zélés de la Compagnie.
Léonce Chagot se détourna alors du paternalisme de son oncle pour se tourner vers le [[Christianisme social|christianisme socia]]<nowiki/>l, introduit par [[Albert de Mun]] et Léon Harmel. La gestion des œuvres sociales, jusqu'alors exercée par la Compagnie, fut transférée aux mineurs. La Compagnie a ainsi encouragé et soutenu de nombreuses associations qui regroupaient les ouvriers en dehors du travail. Cependant, la majorité d'entre elles furent placées sous l'autorité d'un comité subventionné par la Compagnie. Un service de renseignement visait à écarter les meneurs susceptibles de causer des troubles. En réalité, Léonce Chagot continuait à considérer les ouvriers comme trop immatures pour gérer les associations.
Léonce Chagot mourut le 18 août 1893 à Saint-Vallier. Son neveu Lionel de Gournay lui succéda.
=== En conclusion ===
Léonce Chagot appartenait à la lignée d'ingénieurs-patrons considérés comme l'avant-garde des milieux dirigeants de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, grâce à leurs compétences professionnelles et à leur sens paternaliste de l'administration des hommes. Cette excellence fut remise en cause avec la montée des revendications ouvrières sous la IIIe République.
Ses priorités furent l'intérêt économique et l'ordre social.
<br />
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
* Robert Beaubernard, Montceau-les Mines, un laboratoire social au XIXème siècle, Editions de la Taillanderie, 10 décembre 1990, 239 p. ([[International Standard Book Number|ISBN]] [[Spécial:Ouvrages de référence/2-87629-064-2|2-87629-064-2]])
* Frédéric Lagrange: Chagot-ville ou La naissance de Montceau-les-Mines 1851 – 1856 – 1881, Collection "Mémoire de la Mine et des Mineurs du Bassin de Blanzy", Association La Mine et Les Hommes – 71-Blanzy
* <nowiki>https://ift.tt/2TnYzQA>
* Les Patrons du Second Empire – Bourgogne, Picard Éditeur, Éditions Cénomane, 1991, 259 pages, (<nowiki>ISBN 2-7084-0428-8</nowiki> & 2-905596-41-4)
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=== Articles connexes ===
* [[Montceau-les-Mines]]
* [[Houillères de Blanzy]]
* [[Paternalisme]]
* [[La Bande noire (Montceau-les-Mines)|Bande Noire]]
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